Le Soleil est-il à l'origine de la perte de l'atmosphère de la planète Mars ?
Les données de la sonde MAVEN semblent confirmer l'hypothèse que l'atmosphère de la planète Mars aurait en grande partie disparue à cause des assauts du Soleil.

Si la planète Mars est aujourd'hui inhospitalière, cela ne fut pas toujours le cas selon de nombreuses études, qui suggèrent même que notre voisine aurait pu être parsemée d'eau et potentiellement de vie dans un lointain passé. Mais comment expliquer ce changement si radical ?
Le Soleil mis en cause ?
La planète Mars est aride et froide, sa surface étant majoritairement parcourue d'immenses déserts de pierre et de poussière rouge, ce qui lui vaut d'ailleurs son surnom de planète rouge. Néanmoins, cela n'a pas toujours été le cas.
En effet, de nombreuses études suggèrent que notre voisine était, il y a plusieurs milliards d'années, recouverte de lacs, de rivières et même d'océans mais également que celle-ci aurait pu abriter la vie.
Or, cette atmosphère aurait par la suite disparu, ou plutôt se serait fortement réduite et la planète aurait commencé à progressivement « mourir », sa surface devenant celle que nous connaissons aujourd'hui, sèche, froide et complètement inhospitalière.
About 4.3 billion years ago, Mars may have had enough water to cover its entire surface in a liquid layer about 450 feet deep
— Space (@redditSpaceView) August 18, 2023
credit: NASA/GSFC pic.twitter.com/fSErjL8Hbc
Mais comment cette atmosphère a pu disparaître ? Selon les scientifiques, les vents solaires, des flux constants de particules comme des protons et des électrons que notre Soleil éjecte en permanence dans l'espace auxquelles s'ajoutent des radiations, seraient à l'origine de cette disparition.
Une hypothèse confirmée par la sonde MAVEN
Plus précisément, ce serait notamment le phénomène de « pulvérisations » qui aurait peu à peu arraché l'atmosphère de la planète Mars. Ces pulvérisations (ou sputtering en anglais) se produisent quand des particules rapides et chargées du vent solaire viennent percuter les atomes de la haute atmosphère d’une planète, leur donnant assez d'énergie pour les éjecter dans l'espace, ce qui réduit peu à peu l'atmosphère de la planète en question.
Tout ceci était resté au stade d'hypothèse, ce phénomène s'étant produit il y a des milliards d'années. Néanmoins, la sonde MAVEN, en mission autour de Mars depuis maintenant 9 ans a pu la vérifier, capturant pour la première fois une pulvérisation survenue récemment sur la planète rouge.
Where did all the water on Mars go? For the first time, NASA's MAVEN orbiter has directly observed a process called atmospheric sputtering, which could be described as doing a cannonball in a pool. MAVEN's lead scientist explains: https://t.co/zEpQrkq0Wf pic.twitter.com/T3lmLbAS3B
— NASA Mars (@NASAMars) May 29, 2025
Les capteurs de la sonde ont permis au scientifiques de dresser une carte détaillée de la répartition de l'argon, un gaz présent dans l'atmosphère de Mars. L'argon étant un gaz noble, lourd et ne réagissant pas avec d'autres gaz, celui-ci est un excellent indicateur pour étudier les pertes atmosphériques car si il disparaît d'un certain secteur, on sait que c'est à cause d'un phénomène extérieur comme les pulvérisations.
Ce gaz devrait normalement rester dans les couches basses de l'atmosphère de la planète car il est lourd et stable, mais les instruments de la sonde MAVEN l'ont détecté en grande quantité en haute altitude, là où le vent solaire frappe l'atmosphère.
Selon les scientifiques, ce phénomène impacterait l'atmosphère de notre voisine à un rythme 4 fois plus élevé que ce que prédisaient les modèles précédents et celui-ci se serait notamment accéléré lorsque la planète a perdu son champ magnétique en raison du refroidissement et de la solidification de son noyau.
Ceci aurait rendu l'atmosphère de plus en plus vulnérable aux vents solaires et surtout aux pulvérisations, ce qui aurait précipité la perte de son atmosphère mais également de l'eau à sa surface et de formes de vies potentielles, laissant place à la planète inhospitalière que nous connaissons aujourd'hui.
Référence de l'article :
De gigantesques "bombes" de particules auraient privé Mars de son atmosphère, Géo (05/06/2025), Adélie Clouet d'Orval