VIH en France : pourquoi la montée du masculinisme représente un danger pour la santé des jeunes hommes ?

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, Sidaction a révélé les résultats d’un sondage inédit sur l'impact des discours masculinistes auprès des hommes en France : ils mettent en péril les conséquences dangereuses sur la prévention et la santé sexuelle, notamment chez les 16-34 ans.

« Les discours masculinistes fragilisent la prévention, augmentent les prises de risque et déstabilisent profondément la culture du consentement. » Sidaction.
« Les discours masculinistes fragilisent la prévention, augmentent les prises de risque et déstabilisent profondément la culture du consentement. » Sidaction.

Depuis plusieurs mois, l'association Sidaction dit observer « une montée spectaculaire des contenus masculinistes sur les réseaux sociaux », des propos aux « effets direct sur la manière dont les jeunes envisagent la sexualité. » Elle a d'ailleurs lancé une campagne sur Tiktok pour sensibiliser aux dangers de « discours délétères de domination masculine et de violences sexistes et sexuelles. »

Pendant dix jours, Sidaction a repris les codes des influenceurs virilistes grâce à de faux influenceurs aux profils de “grand frère”, love coach, gym bro, crypto bro ou encore survivaliste, générés par l'IA et animés comme de véritables créateurs de contenus. L'idée ? Véhiculer des messages positifs sur le consentement, la prévention, le dépistage et la lutte contre les discriminations.

66% des 16-34 ans connaissent au moins un influenceur masculiniste

Selon les résultats du sondage mené par OpinionWay, plus d’un jeune homme de 16 à 34 ans sur trois (37 %) consulte des contenus masculinistes sur les réseaux sociaux et un jeune sur deux âgé de 25 à 34 ans (51%) considèrent que ces contenus « disent enfin la vérité. » Ces chiffres s'expliquent en partie par un sentiment « d’hostilité à l'encontre des hommes. »

Virilité et normalisation de la prise de risque

Pour Florence Thune, directrice générale de Sidaction, « le sondage nous révèle que la virilité continue de jouer un rôle déterminant dans la construction identitaire des hommes. Et ce n’est pas sans conséquence sur leurs comportements sexuels puisqu’ils sont bien trop nombreux (40%) à penser qu’être un homme, c’est oser prendre des risques, y compris sexuels. »

La virilité intervient directement dans la décision de porter un préservatif ou non. 31% des 16-34 ans se sentent plus puissants quand ils ne portent pas de préservatif ou estiment que les femmes doivent respecter les hommes qui refusent d’en porter (32%). Un jeune sur six pense que le préservatif est un signe de faiblesse (16%).

Plus inquiétant encore, le phénomène du « stealthing », qui consiste a retirer son préservatif sans prévenir son ou sa partenaire, est « compréhensif » pour un homme sur dix (11%, et un jeune homme de 25-34 ans sur cinq, 18%) s’il estime qu’on le lui a imposé. Chez ceux qui adhèrent aux théories masculinistes, ils sont 34% à cautionner cette pratique répréhensible par la loi.

Une prévention mise en péril

Alors que les cas de séropositivité explosent chez les 15-24 ans (+41 % en 10 ans selon Santé publique France) et que l'usage du préservatif recule, Sidaction insiste sur l’urgence de renforcer l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, « le levier le plus solide et le plus éprouvé pour lutter contre ces idées reçues, développer l’esprit critique et renforcer la prévention. »

Références de l'article :

Sidaction, Les hommes et le masculinisme : péril sur la santé sexuelle

Libération, Reculs Lutte contre les mascu et contre le VIH, même combat : Sidaction pointe le danger des discours masculinistes