Vers une hausse des prix des médicaments génériques ? Pourquoi une écotaxe sur les eaux usées est-elle mise en cause ?

Et si le prix des médicaments génériques explosait, avec à clé de probables pénuries ? C'est l'inquiétant pronostic de la fédération européenne des laboratoires pharmaceutiques, qui pointe du doigt une responsable : l'écotaxe sur les eaux usées. Pourquoi ?

Médicament générique prétexte amoxicilline
Les fabricants de médicaments s'alarment de prix potentiellement quadruplés pour certains génériques, comme l'amoxicilline. Photo Reflexpixel - stock.adobe.com.

Vers une explosion des prix des médicaments génériques, voire un risque de pénurie ? C'est l'alerte lancée par la fédération européenne des laboratoires pharmaceutiques (Efpia), qui conteste une directive de l'Union européenne imposant une écotaxe visant à améliorer le traitement des eaux usées par les industries pharmaceutiques et cosmétiques. De quoi s'agit-il exactement ?

59% des micropolluants d'origine pharmaceutique !

Depuis le début de l'année 2025, la directive européenne sur le traitement des eaux urbaines résiduaires a été révisée : elle impose désormais aux industriels des secteurs pharmaceutique et cosmétique de financer à hauteur d'au moins 80% les surcoûts liés aux travaux de modernisation des stations d'épuration. Une sorte d'écotaxe censée participer à l'élimination des micropolluants dans l'eau.

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C'est cette directive que la fédération européenne des laboratoires pharmaceutiques conteste depuis le 10 mars dernier devant la Cour de justice de l'Union européenne, saisie du dossier. Un principe pourtant classique de pollueur-payeur, destiné à mieux éliminer les micropolluants, engendrés selon Bruxelles à 59% par les produits pharmaceutiques et à 14% par les produits cosmétiques.

Les professionnels du secteur, certes conscients de leur rôle dans cette pollution, puisque leurs produits polluent les eaux et que celles-ci doivent être traitées en station d'épuration avant d'être rejetées dans la nature, contestent l'élargissement de leurs responsabilités prévu dans cette directive européenne. D'autres secteurs devraient être pris en compte dans la pollution de l'eau en Europe, estiment-ils.

C'est par le manque de clarté sur cette responsabilité qu'ils ont déclenché ce recours juridique, en précisant que des "éléments probants" existaient quant à la responsabilité d'autres secteurs industriels dans la pollution de l'eau. L'Efpia précise également que la Commission européenne n'a pour le moment pas répondu aux "éclaircissements" qu'elle demande.

Surcoûts, pénuries et hausse des prix ?

Le secteur pharmaceutique et cosmétique dénonce depuis longtemps déjà les surcoûts liés au traitement de ces micropolluants dans l'eau : 1,2 milliard d'euros par an pour l'ensemble de l'Union européenne d'après la Commission, mais les industries estiment ce chiffre largement sous-évalué, avec des conséquences de trésorerie évidentes.

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Dès la mi-janvier dernier, le directeur général du syndicat européen des fabricants de médicaments génériques (Medicines for Europe) annonçait "un tsunami de pénuries" de médicaments en Europe en raison des surcoûts, si cette directive s'appliquait.

Les médicaments génériques, "particulièrement vulnérables à [l'écotaxe] en raison de leurs volumes élevés et de leurs prix strictement plafonnés", sont directement menacés, alors qu'ils représentent actuellement en Europe 7 médicaments sur 10 délivrés, soit une économie non négligeable pour les systèmes de santé (puisqu'ils coûtent moins cher).

Quels médicaments pourraient être concernés ? Le syndicat souligne notamment une menace particulière sur l'amoxicilline, antibiotique le plus couramment utilisé, notamment chez les enfants. Son prix pourrait être quadruplé compte tenu de cette écotaxe… Affaire à suivre !

Références de l'article :

HuffPost. Ces fabricants de médicaments génériques alertent sur un risque de pénurie et saisissent la justice européenne.

Les Échos. Médicaments : les génériqueurs tirent à boulet rouge sur l'écotaxe sur les eaux usées.