Selon une étude, la dengue et le chikungunya pourraient s'installer durablement en Europe : faut-il s'inquiéter ?

Et si la dengue et le chikungunya devenaient des maladies classiques en été en Europe ? C'est le pronostic effrayant d'une étude publiée cette semaine, qui établit un lien de cause à effet évident avec le réchauffement climatique.

Moustique tigre prétexte
Dans les zones où le moustique tigre s'est établi, il ne peut s'écouler qu'une année entre deux flambées de dengue ou de chikungunya, en raison des nouvelles conditions climatiques.

Une étude publiée jeudi 15 mai dans la revue Lancet Planetary Health tire la sonnette d'alarme : la dengue et le chikungunya, connues pour être des maladies classiquement tropicales transmises par certains moustiques, pourraient devenir endémiques en Europe. Trois causes ont été identifiées, et l'une d'entre elles ne vous étonnera pas. Séquence explications.

Le moustique tigre se déplace vers le Nord

Sans surprise, c'est donc le réchauffement climatique qui augmente d'abord le risque de voir la dengue et le chikungunya s'installer durablement en Europe. Celui-ci favorise la propagation du moustique tigre, vecteur de ces maladies, plus exactement Aedes aegypti, le moustique de la fièvre jaune, et Aedes albopictus, le moustique tigre asiatique.

Aujourd'hui, 4 milliards de personnes dans le monde sont potentiellement à risque de contracter ces deux maladies, dans 129 pays essentiellement tropicaux et subtropicaux.

Le réchauffement climatique favorise l'extension vers le Nord de la zone de présence du moustique tigre : plus il fait chaud, plus son cycle de développement se raccourcit, plus la vitesse de multiplication du virus dans l'insecte augmente sous l'effet de la température.

Pour la première fois, cette étude analyse les liens entre le risque d'épidémies de dengue et de chikungunya en Europe et de nombreux facteurs. Outre le réchauffement climatique, deux autres causes ont été identifiées : l'urbanisation et les déplacements (puisque les voyages amplifient la diffusion de ces maladies).

+1°C l'été : déjà un danger !

Sur la seule année 2024, 304 cas de dengue ont été répertoriés en Europe, c'est plus que les 275 cas recensés sur les 15 années précédentes ! Des foyers autochtones ont même été identifiés en Italie, en Croatie, en France et en Espagne. Presque tous ces cas (95%) ont été enregistrés entre juillet et septembre, pendant la période estivale, les trois-quarts en ville.

Les étés aux températures élevées augmentent en fait considérablement le risque d'épidémie : d'après l'étude, ce risque augmente dès un degré de hausse des températures ! Ainsi, dans les années 2060, le risque d'épidémie pourrait être cinq fois plus élevé que sur la période 1990-2024.

Il va donc falloir mettre en place des systèmes de surveillance des cas importés et établir des systèmes d'alerte, pour mieux protéger les populations. L'étude note d'ailleurs que dans les zones où la surveillance a été renforcée grâce aux dépenses de santé par habitant plus élevées qu'ailleurs, les cas sont mieux détectés.

Désormais, dans les zones où le moustique tigre est établi, il ne peut s'écouler qu'un an entre deux flambées de dengue et de chikungunya, à cause probablement de la hausse des températures et de la hausse de fréquence des déplacements humains. Le temps presse, chaque été nous rapproche un peu plus d'une épidémie en Europe…

Références de l'article :

Geo. La dengue et le chikungunya pourraient devenir endémiques en Europe.

Z. Farooq, The Lancet Planetary Health (2025). Impact of climate and Aedes albopictus establishment on dengue and chikungunya outbreaks in Europe : a time-to-event analysis.