Pourquoi les jeunes gaspillent-ils plus de nourriture que leurs aînés ?
En France, le gaspillage alimentaire reste un sujet de taille. Les jeunes ayant entre 18 et 25 ans se trouvent être la tranche d’âge qui jette le plus de nourriture à la poubelle. Entre les portions non adaptées, le manque cruel de temps et surtout, le manque de moyens financiers, de très nombreux jeunes se retrouvent dans une situation de précarité alimentaire.
Gaspillage alimentaire. Depuis plusieurs années, on tente d’éradiquer ce fléau. Doggy bag au restaurant, dons de denrées invendues, recalibrage des portions… Tous les moyens sont bons pour éviter de perdre la nourriture. L’Assemblée Nationale a organisé, en mars dernier, des états généraux sur le gaspillage alimentaire. Le constat est inquiétant : les jeunes sont les plus nombreux à jeter la nourriture.
20% des personnes vivant dans l’insécurité alimentaires n’ont pas de frigo
Pascale Hebel, qui travaille à l’institut Danone, annonce les chiffres. Parmi les 18-24 ans, pas moins de 46% ont déjà jeté un yaourt dans le mois. À titre de comparaison, chez les 65 ans et plus, le taux s’élève à 8%. Avec son cabinet, C-Ways, elle constate que c’est exactement la même chose avec les biscuits. « Quand on est en difficulté, on jette plus », selon Pascale Hebel. Mais alors, pourquoi les jeunes jettent-ils plus que leurs aînés ?
Le budget restreint des plus jeune : le problème majeur
Pourtant, en mai 2024, une étude réalisée par l’application Too Good To Go, qui lutte contre le gaspillage alimentaire, 8 étudiants sur 10 affirmaient que l’anti-gaspillage était une façon de préserver la planète. Un résultat pour le moins paradoxal. Ou peut-être pas… On remarque, chez les 18-25 ans, un régime alimentaire bien moins optimal que celui des autres tranches d’âge. Au total, l’étude menée par C-Ways pour l'Observatoire des vulnérabilités alimentaires 2024 annonce que 58 % des jeunes appartenant à cette tranche d’âge sont en insécurité alimentaire.
La raison ? La précarité des jeunes. Avec un mode de vie compliqué, nombreux sont ceux qui font face à une insécurité alimentaire réelle. Résultat : l’achat de produits de moins bonne qualité, qui se conservent moins bien et qui finissent, par conséquent, dans la poubelle. Selon l’OVE, l’Observatoire de la Vie étudiante, ce sont 46 % des étudiants de l’enseignement supérieur qui sont dans l’insécurité alimentaire. Et cela peut varier fortement d'une école à l'autre. L'université de Rouen voit 18% de ses étudiants être dans cette précarité, tandis que l’université de Guyane est particulièrement fragile, car pas moins de 78% des élèves sont dans cette situation.
Cette situation financière précaire se traduit par différentes choses. Le manque de temps pour cuisiner, car beaucoup de jeunes ont un emploi étudiant à côté ; l’achat de produits aux qualités nutritives faibles et qui se conservent moins longtemps ; ou encore, le conditionnement de beaucoup d’aliments du quotidien, tel que le pain, pas du tout adapté pour une personne seule. Seulement voilà, en 2021, l’Insee a dévoilé des chiffres expliquant que, parmi les 20-24 ans, ils étaient 22% à vivre seuls.
Côté politiques publiques, le CROUS reste l’incontournable, mais ceci est loin d’être suffisant. Pour Emmeline Vriest, ingénieure agroalimentaire et co-fondatrice de l’association Aux Goûts du Jour, « on est face à une génération dont les plus précaires vont être tributaires des aides alimentaires et les plus aisés vont plus facilement consommer en restauration rapide livrée à domicile ». En février dernier a été mis en place une petite aide financière pour les étudiants qui n’ont pas de service de restauration à tarif modéré sur le campus.
Référence de l’article :
Gaspillage alimentaire : pourquoi les jeunes jettent-ils plus ?