Pollution à New Delhi : bientôt l'ensemencement des nuages pour faire tomber la pluie ?

Peut-on jouer aux apprentis sorciers pour améliorer la santé publique ? C'est le débat qui est lancé en Inde, alors qu'à New Delhi, les autorités envisagent l'ensemencement des nuages pour faire tomber la pluie et nettoyer l'atmosphère.

New Delhi Inde pollution air smog
En raison d'une pollution atmosphérique jugée dangereuse, matérialisée par un brouillard jaunâtre et toxique (photo d'illustration), les écoles de New Delhi ont été fermées début novembre.

Rien de nouveau sous le soleil, ou plutôt sous les nuages : comme chaque année à l'approche de l'hiver, la pollution fait un retour remarqué en Inde, avec un brouillard toxique et jaunâtre qui incommode la population. La ville de New Delhi, pour résorber ce phénomène et nettoyer l'atmosphère, propose de mettre en place un projet controversé : ensemencer les nuages et faire tomber la pluie.

Une pollution 36 fois supérieure aux limites !

Le 3 novembre dernier, la ville de New Delhi avait dû fermer ses écoles en raison d'un niveau de pollution atmosphérique trop dangereux, une situation d'urgence pour les autorités locales. Le 15 novembre, l'indice de pollution était encore considéré comme "très mauvais pour la santé", estimé à 232, alors que l'OMS recommande un indice inférieur à 15 sur une période de 24 heures...

La concentration en particules fines, les PM 2,5, était alors 36,4 fois supérieure aux limites fixées par cette même OMS. Une pollution régulière dans la ville indienne, classée parmi les plus polluées au monde, notamment à cause du secteur des transports mais aussi du brûlage des chaumes : celui-ci est responsable de 38% de la pollution, notamment au Pendjab et dans l'Haryana.

Depuis le 15 septembre, plus de 22.000 cas de brûlis agricoles ont été recensés, ceci expliquant cela. C'est pour remédier à tout cela que des scientifiques indiens ont proposé d'ensemencer pour la première fois des nuages pour faire tomber la pluie, avec l'appui des autorités locales de New Delhi, qui attendent désormais un feu vert de la Cour suprême.

La communauté scientifique dubitative...

Une cinquantaine de pays dans le monde (y compris la France pour lutter contre la grêle) ont déjà utilisé cette technique d'ensemencement des nuages depuis les années 2000, une technique dont la Chine est actuellement le leader. On estime son coût à environ 110.000 euros pour traiter l'équivalent de 100 km² de terres.

La méthode consiste à pulvériser dans les nuages un mélange de sels comprenant de l'iode d'argent. Cet ensemencement de sels est supposé provoquer de fortes pluies, avec toutefois une condition sine qua non : que la couverture nuageuse soit importante et que la teneur en humidité soit suffisamment élevée. Ce sera sans doute le cas à New Delhi ce lundi.

Ce projet pose toutefois question, et cela malgré l'enthousiasme attendu des gouvernements et des assureurs. La communauté scientifique doute, car son efficacité à grande échelle n'a pas encore été prouvée. Par ailleurs, certains considèrent qu'influer directement sur les phénomènes climatiques est dangereux, alors que notre planète vit déjà dans un climat déréglé par les activités humaines... Et si l'on réduisait simplement les sources de la pollution ?

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