Obsolescence programmée : les voitures électriques vont-elles devenir des voitures "jetables"?

Une association française a récemment dénoncé les pratiques de certains constructeurs de voiture électriques, qui pourraient limiter volontairement la durabilité et la réparabilité de certains de leurs véhicules.

Batteries
Les méthodes d'assemblage de certains constructeurs automobiles limiteraient grandement leur réparabilité, ce qui nuit à l'environnement mais également au consommateur.

Halte à l'Obsolescence Programmée (HOP), une association parisienne, a récemment pointé du doigts un système de « voitures jetables » mis en place par l'industrie automobile. Selon elle, les constructeurs pourraient limiter volontairement la durée de vie de leurs véhicules.

Véhicules électriques : une menace pour le consommateur et l'environnement

Aujourd'hui, 86% des foyers français possèdent au moins une voiture, un nombre qui s'élève même à 95% en milieu rural. L'écrasante majorité de ces véhicules est thermique, l'électrique ne représentant que 1% du parc automobile français à ce jour. Toutefois, d'ici 2035, la vente de voitures thermiques sera interdite dans l'Union européenne afin de limiter les émissions de CO2, ce qui veut dire que la part des véhicules électrique dans le parc automobile français devrait nettement augmenter dans les prochaines années.

Toutefois, cette mesure récemment adoptée par l'Union européenne pourrait ne pas être si bénéfique que ça pour l'environnement. D'après l'association HOP, l'obsolescence programmée serait de plus en plus présente au niveau des véhicules électriques, une tendance potentiellement coûteuse pour le consommateur et également néfaste pour l'environnement.

Le modèle économique actuel de l'achat et de l'entretient des véhicules était pourtant jusqu'à aujourd'hui bien huilé, assurant une longue vie et une bonne santé pour de nombreux véhicules avec une durée de vie moyenne de ceux-ci s'élevant à environ 19 ans. Pourtant, l'arrivée des véhicules électriques sur le marché risque de mettre à mal ce modèle d'après l'association HOP.

En effet, celle-ci s'interroge aujourd'hui sur la fiabilité à long terme de ces véhicules mais également sur leur réparabilité. De façon similaire à de nombreuses autres technologies, il semblerait que les constructeurs de voitures électriques ne produisent pas leurs véhicules de façon durable, poussant le consommateur à renouveler plus régulièrement son véhicule, ce qui contribue à aggraver l'impact environnemental du secteur automobile.

Des pratiques douteuses de la part des constructeurs ?

Pour le moment, la moitié des constructeurs propose des batteries réparables sur leurs véhicules électriques. Ainsi, dans de nombreux cas, une batterie défectueuse peut contraindre à devoir racheter un nouveau véhicule, ce qui est loin d'être une bonne nouvelle au niveau environnemental. Une information peu connue au détriment des consommateurs puisque la réparation de composants de batterie serait jusqu'à 10 fois moins chère.

L'association HOP dénonce également une autre pratique douteuse entreprise par certains constructeurs : le « giga-casting ». Cette technique, initiée entre autres par Tesla, consiste à mouler en un seul bloc de nombreuses pièces des véhicules électriques afin de réduire les coûts de production. De ce fait, il est bien plus difficile d'accéder aux pièces à réparer de ce type de voiture, ce qui rend l'opération très coûteuse.

Au moindre accident, il sera donc nécessaire de remplacer une partie si importante de la voiture qu'il sera probablement plus rentable de la mettre à la casse.

HOP, qui a obtenu fin 2022 l'ouverture d'une enquête par le parquet de Paris contre Apple pour avoir rendu difficile la réparation de ses smartphones avec des pièces génériques, a également mis en avant le même problème pour de nombreux véhicules actuels dotés de puces électriques refusant les greffes de pièces non montées en usine.

Enfin, l'association a aussi évoqué le risque d'obsolescence logicielle programmée des véhicules très fortement numérisés, deux paramètres qui peuvent rapidement faire augmenter le coût d'entretien voire obliger, une nouvelle-fois, le consommateur à changer de véhicule.

Ainsi, HOP souhaiterait la mise en place d'un « indice de réparabilité » de certains véhicules, de façon similaire à de nombreux objets que nous utilisons chaque jour. L'association a également évoqué la création de normes de durabilité et de réparabilité des batteries en Europe, voire une garantie décennale des accumulateurs ainsi que la levée des obstacles à l'usage de pièces de rechange non produites en usine. Une pétition a d'ailleurs été mise en ligne pour lutter contre ce principe absurde de voiture jetable, qui n'est bénéfique ni pour les consommateurs, ni pour l'environnement.

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