Le réchauffement climatique pourrait augmenter le risque de suicide

Des chercheurs de l'INSERM ont démontré un lien de causalité entre l'augmentation des températures et le risque de suicide. Plus les températures augmentent, plus le risque de suicide à très court terme augmente également.

dépression
La courbe des températures et de la mortalité par suicide est corrélée en France ces 50 dernières années.

Alors qu'il s'agissait de la journée mondiale de prévention du suicide le 10 septembre dernier, cette nouvelle étude trouve un écho particulier après cet été caniculaire en France. Des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) ont réussi à démontrer un lien de causalité entre l'augmentation des températures et le risque de suicide en France. Explications.

Chaque degré en plus augmente le risque de suicide

L'étude en question, publiée le 22 août dernier dans la revue American Journal of Epidemiology, consistait à déterminer dans quelle mesure la relation entre température et mortalité varie en fonction de la cause médicale du décès, pour quelles causes de décès l'effet des températures chaudes est le plus important, et si des signes d'adaptation aux températures extrêmes étaient observés en France, question importante dans le contexte de changement climatique.

Pour ce faire, des chercheurs de l'INSERM, au sein de l’Institut pour l’avancée des biosciences (Inserm/Université Grenoble Alpes/CNRS) et du Centre épidémiologique des causes médicales de décès (CépiDc), ont examiné les causes de la mortalité en France sur une période de près de cinquante ans (1968-2016).

Les scientifiques ont croisé le nombre de décès survenant chaque jour dans chaque région, avec les températures enregistrées quotidiennement tout au long de la période d’observation. En considérant tous les décès simultanément, le taux de mortalité est minimal quand la température est proche de 20°C, et croît quand la température augmente au-delà de 20°C ou diminue sous les 20°C.

En revanche, les scientifiques ont pu observer que la courbe des suicides augmente régulièrement avec celle des températures, des plus basses jusqu’aux plus élevées. En d'autres termes, chaque degré en plus augmente le risque de suicide, lequel devient maximal durant les périodes de fortes chaleurs.

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Les fortes chaleurs altèrent notre système nerveux, ce qui pourrait augmenter le risque de suicide.

La nécessité d'une meilleure prévention

Les chercheurs de l'INSERM expliquent qu'il s'agit d'une causalité à très court terme, c'est-à-dire que l’association la plus forte entre chaleur et suicide a été trouvée avec la température du jour du décès (et non celle des jours précédents).

Selon Rémy Slama, responsable de l’étude et directeur de recherche à l'INSERM, ce lien de causalité pourrait s'expliquer par une modification des relations sociales lors des périodes caniculaires et par une altération du fonctionnement des systèmes endocriniens et nerveux en cas de grande chaleur.

L'étude apporte tout de même quelques éléments plus positifs sur les aspects liés au réchauffement climatique. En effet, les effets de la température pour la mortalité toutes causes confondues (suicides inclus), se sont atténués entre les périodes 1968-1984 et 1985-2000. Autrement dit, il se pourrait que la société se soit davantage adaptée aux températures extrêmes (aussi bien froides que chaudes) ces dernières années.

En guide de conclusion et de recommandation, les chercheurs incitent à une meilleure prise en compte de l'association à court terme entre la température et le risque de suicide dans les campagnes de prévention, d'autant plus que les épisodes caniculaires sont amenés à se multiplier à l'avenir...

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