Glyphosate : une influente étude favorable au pesticide désavouée 25 ans plus tard. Pourquoi ce retournement ?

Une importante étude publiée en 2000 qui défendait la sûreté de l'herbicide, largement reprise et citée depuis, vient d'être désavouée par la revue qui l'avait publiée. À l'origine de cette décision ? Des cadres de Monsanto auraient préparé l’article avant qu'il ne soit signé par des scientifiques rémunérés par la firme.

Une étude, véritable référence sur l'utilisation du glyphosate, désavouée 25 ans plus tard par la revue qui l'avait publiée.
Une étude, véritable référence sur l'utilisation du glyphosate, désavouée 25 ans plus tard par la revue qui l'avait publiée.

« Des inquiétudes ont été soulevées concernant la paternité de cet article, la validité des résultats de la recherche dans le contexte d'une présentation erronée des contributions des auteurs et du commanditaire de l'étude, ainsi que les conflits d'intérêts potentiels des auteurs. »

C'est par ces mots que le professeur et co-rédacteur en chef de la revue Regulatory Toxicology and Pharmacology, Martin van den Berg, a justifié le retrait de l'article des archives. L'étude, publiée en 2000, concluait à la sûreté du glyphosate et minimisait le potentiel cancérogène du célèbre herbicide.

Cette rétractation intervient donc 25 ans après la publication de l'étude et 8 ans après l'affaire des « Monsanto papers », des milliers de documents internes de la firme Monsanto rendus publics par la justice américaine, comme le rappel Le Monde.

On découvre, après une longue enquête interne, que les vrais auteurs de l'article ne seraient pas ses signataires mais plutôt des cadres de la société. Parmi les signataires, Gary M. Williams, seul survivant, qui « n'a pas répondu aux sollicitations » de Martin van den Berg.

Cette méthode, appelée « ghostwriting » (écriture fantôme en français), consiste à rémunérer des chercheurs pour qu'ils signent des articles qu'ils n'ont pas rédigé et ainsi rendre plus crédible une étude favorable à un pesticide ou un médicament. Considérée comme une fraude scientifique, la pratique est pourtant utilisée par certaines firmes comme ce serait ici le cas pour Monsanto.

Martin van den Berg remet aussi en question la validité des résultats concernant le risque cancérigène du pesticide. « Les auteurs n'ont pas inclus de nombreuses autres études à long terme sur la toxicité chronique et la cancérogénicité, qui avaient déjà été réalisées au moment de la rédaction de leur étude en 1999. » La raison de cette omission reste inexpliquée mais « remettent en question l’objectivité générale des conclusions présentées. »

Références de l'article :

Regulatory Toxicology and Pharmacology, RETRACTED: Safety Evaluation and Risk Assessment of the Herbicide Roundup and Its Active Ingredient, Glyphosate, for Humans

Le Monde, Glyphosate : l’une des plus influentes études garantes de la sûreté de l’herbicide rétractée, vingt-cinq ans après sa publication