En Suède, la construction d'une future ville en bois aura des effets sur le bien-être des résidents

En plus de réduire l'impact de la construction sur le climat, la transformation d’une ancienne zone industrielle en Suède devrait apporter des bienfaits psychologiques aux futurs résidents.

Le quartier de Sickla à Stockholm.
Le quartier de Sickla à Stockholm.

Bien que l’activité soit élevée, le calme règne à l’intérieur du chantier de construction de l’extension d’un lycée à Sickla, une ancienne zone industrielle du sud de Stockholm qui devrait faire partie du « plus grand projet de bois massif au monde », selon le promoteur immobilier urbain suédois Atrium Ljungberg.

Il ne reste que quelques mois avant que les étudiants n’entrent dans les locaux, mais aucun bruit de forage ou de martèlement contre les murs de béton n'est perceptible. L’odeur du bois est prégnante et le matériau est partout - des colonnes et poutres en bois lamellé-collé dans la charpente du bâtiment aux dalles en bois lamellé-croisé (CLT) dans les sols, les plafonds et les escaliers.

Le CLT, fabriqué en collant des couches de bois raboté en panneaux, offre une résistance et une rigidité comparables à celles du béton, mais est nettement plus léger et plus rapide à construire. « C’est un environnement de travail fantastique – pas de poussière de béton, pas de problèmes de poussière de silice - c’est propre et calme », déclare Niklas Häggström, chef de projet à l’Atrium Ljungberg, et responsable de la réalisation de l’ensemble du projet Wood City.

Réduire l'impact climatique et réutiliser les matériaux

Au total, 25 quartiers s’étendront sur 25 hectares. Les premiers bâtiments devraient être achevés en 2025 et la prochaine phase, comprenant 2 000 logements, est prévue pour 2027. Il s’agit d’un projet ambitieux, mais avec du bois, Atrium Ljungberg peut construire 1 000 mètres carrés par semaine tandis qu'avec du béton, il n'en ferait que la moitié.

En 2022, l’Atrium Ljungberg s’est fixé pour objectif d'avoir un impact climatique neutre d’ici 2030. En choisissant simplement le bois comme matériau structurel, l’entreprise a déclaré qu’elle réduisait son impact climatique d’environ 40 % - une affirmation que confirment les chercheurs de l’Université de Linköping. Et c’est sans compter les systèmes énergétiques et les stratégies de réutilisation.

L’un des objectifs, par exemple, est de réutiliser 20 % des matériaux dans les adaptations locatives, les rénovations et les nouvelles constructions. Selon Angela Berg, directrice de son secteur d’activité, le passage du béton au bois n’est pas seulement un changement technique, c’est un changement de mentalité. « Cela façonne toute l’expérience de la ville : des matériaux de façade à la verdure, en passant par la façon dont les gens interagissent avec leur environnement. Il ne s’agit pas d’entrer dans un bâtiment et de voir du bois, il s’agit de sentir la différence partout », déclare-t-elle.

Cela façonne toute l’expérience de la ville

Bien que chaque bâtiment ait un caractère différent, le bois imprégnera la ville à l’intérieur et à l’extérieur, a déclaré Oskar Norelius, architecte à White Arkitektur qui a travaillé avec Atrium Ljungberg sur le projet. « Ce ne devrait pas être quelque chose que vous découvrez seulement lorsque vous entrez. Le bois doit faire partie de l’expérience de la rue. »

Baisser le stress et améliorer la concentration

L’objectif est que la ville améliore également le bien-être des personnes à l’intérieur des bâtiments. « Le bois régule l’humidité intérieure, créant un climat naturellement confortable tout au long de l’année, souligne Oskar Norelius. Au-delà de cela, des études montrent que le bois visible a des avantages psychologiques – il réduit le stress, aide les enfants à mieux se concentrer et favorise même une récupération plus rapide chez les patients. Ces effets se répercutent également dans les bureaux et les maisons. »

L'architecte a récemment travaillé sur le centre culturel Sara à Skellefteå, qui est le plus haut bâtiment en bois de la région nordique à ce jour avec 20 étages, plaçant la ville suédoise comme pionnière mondiale. « Bien que d’autres pays aient souvent les connaissances, ils ne l’ont pas mis en œuvre à grande échelle comme l’a fait la Suède », déclare-t-il. Le fait aussi que 70 % du pays soit couvert de forêts a induit une tradition historique de construction en bois.

Des exemples à l'international

Ces dernières années, d’autres pays scandinaves ont expérimenté la construction en bois pour de grands projets, notamment Wood City dans le quartier de Jätkäsaari à Helsinki, qui se compose d’une série de bâtiments à plusieurs étages achevés en 2021 et le Mjøstårnet de 18 étages à Brumunddal, en Norvège, qui est le troisième plus haut bâtiment du pays, achevé en 2019.

Le quartier de Jätkäsaari à Helsinki.
Le quartier de Jätkäsaari à Helsinki.

Parmi les autres exemples dans le monde, citons Gaia, un campus en bois à Singapour qui a ouvert ses portes en 2023 et un immeuble de logements de huit étages à Seattle, qui a ouvert ses portes la même année. À Sydney, Atlassian Headquarters, un espace de vente au détail et de bureaux en bois, affirme qu’il s’agira de la « plus haute tour commerciale hybride en bois du monde » une fois achevée. Gageons que le reste du monde leur emboîtera le pas.


Référence

‘It shapes the whole experience’: what happens when you build a city from wood?, Jonna Dagliden Hunt, 25 avril 2025