De plus en plus de Français choisissent des funérailles écologiques, un ultime geste pour la planète ?

Être écolo jusque dans la mort ? C'est ce que proposent les funérailles vertes en plein essor en France. Alors qu'un enterrement classique peut émettre autour de 800 kilos de CO2 dans l'atmosphère, soit l'équivalent d'un aller-retour Paris-New York en avion, de nouvelles alternatives sont possibles.

Une inhumation représente, pour 70% des défunts, des préparatifs qui finissent par polluer les sols.
Une inhumation représente, pour 70% des défunts, des préparatifs qui finissent par polluer les sols.

Même après la mort, notre impact environnemental se poursuit. Alors pourquoi ne pas transformer la fin de vie en un ultime geste écologique ? C'est ce que de plus en plus de Français envisagent. De nombreuses villes innovent comme Poitiers, Niort, La Rochelle, Angoulême ou encore Besançon, pour offrir des alternatives vertes.

Pourquoi choisir des funérailles écologiques ?

L'industrie funéraire pollue. Beaucoup. Les enterrements dégagent entre 600 et 800 kilos de CO2 dans l'atmosphère. On parle de plus de 800 kilos de CO2 soit l'équivalent d'un vol aller-retour entre Paris et New-York. Lorsque le corps est crémé, il est responsable du rejet de dioxines extrêmement dangereuses dans l'air, même avec les filtres imposés. La coupe massive d'arbres pour les cercueils ou le béton des caveaux s'ajoutent à la longue liste des actions polluantes.

Pour une inhumation, l'impact est d'autant plus lourd. La formaldéhyde, substance chimique utilisée pour la conservation des corps est un produit cancérigène qui s'infiltre dans les sols et les eaux. Lors de cette préparation « classique » du défunt, qui concernent 70 % des personnes décédées en France, il faut environ 10 litres de cette substance (cancérogène pour l’humain), injectée dans les corps lors de la thanatopraxie.

Une fois le corps inhumé, le produit chimique s'infiltre lentement dans le sol et contamine directement les nappes phréatiques et les écosystèmes souterrains. L'avenir semble donc résider dans l'innovation et à un retour à des processus plus naturels.

Quelles alternatives vertes ?

À Angoulême, des spécialistes proposent des tombes végétalisées et écoresponsables où les sépultures sont en pleine terre sans caveau avec des plantes locales et durables pour créer des lieux de mémoire naturels. À Niort ou à la Rochelle, les cimetières écologiques interdisent la thanatopraxie et obligent à l'utilisation de cercueils en carton cellulose ou en bois local brut. L'inhumation se fait également en pleine terre, sans caveau.

Une autre alternative fait de plus en plus de curieux : l'humusation, ou quand le corps devient arbre. Idée radicale, elle consiste à proposer une transformation du corps du défunt en 1,5 mètre cube d'humus riche et fertile en l'espace d'un an, grâce aux micro-organismes et à un lit de broyat végétal. Le hic ? C'est pour le moment illégal en France. La loi française exige que l'on soit placé dans un cercueil.

Florence Valdés, présidente de l'association Humusation France, défend cette cause. Implantée en Nouvelle-Aquitaine, elle mène le combat pour que la France reconnaisse cette pratique. « Parlementaires, députés, sénateurs ont écrit au gouvernement pour relancer le débat, mais nous avons toujours la même réponse : l’humusation pose des problèmes en termes d’éthique et en termes de respect du corps.» Selon elle, « Ce sont des faux problèmes. »

Références de l'article :

France 3 Nouvelle Aquitaine, “Mourir sans polluer” : humusation, cercueil en carton, cimetières verts, la révolution des funérailles écologiques en plein essor

Libération, Reportage «On espère que la demande sera au rendez-vous» : à Besançon, les funérailles font leur transition écologique