Pourquoi l'autorisation de 8 nouveaux forages pétroliers en France crée-t-elle la polémique ?

Comme un contre-sens dans l'air... Alors que la France s'est engagée à être le premier pays à renoncer aux hydrocarbures, 8 nouveaux puits de pétrole pourraient bientôt être autorisés en Gironde. C'est maintenant à la préfecture de décider...

Forage pétrolier puits de pétrole IA
Dans la forêt de La-Teste-de-Buch, en Gironde, exploitée depuis 1964, 50 puits de pétroles comme celui-ci (photo d'illustration, IA) sont encore actifs.

La Gironde, et plus particulièrement la forêt de La-Teste-de-Buch, marquera-t-elle symboliquement l'échec du gouvernement en matière d'écologie ? En tout cas, c'est à l'Etat, à travers la préfecture du département, de trancher sur l'autorisation de 8 nouveaux forages pétroliers dans la zone, alors que la France s'est pourtant engagée à être le premier pays à renoncer aux hydrocarbures...

Des promesses vaines ?

Dans cette forêt de Gironde, riche en pins et en fougères, exploitée depuis 1964 par la société canadienne Vermilion Energy (mais aussi en partie touchée par des incendies dramatiques en 2022), 50 puits de pétrole sont encore actifs. 8 nouveaux puits pourraient cependant être creusés bientôt, un projet pour lequel la commissaire chargée de l'enquête publique, Carole Ancla, vient de rendre un avis favorable.

Après l'avis de la DREAL et du conseil départemental de l'environnemental, l'Etat donnera son aval ou non par l'intermédiaire de la préfecture, puis lancera les travaux. Et cela fait déjà bondir les élus locaux écologistes, qui demandent au gouvernement de geler les opérations pour respecter ses promesses, au risque de passer pour "irresponsable".

Emmanuel Macron avait en effet annoncé vouloir sortir du pétrole d'ici 2040-2045, tandis que sa Première ministre Elisabeth Borne avait déclaré que la France serait "la première grande nation écologique à sortir des énergies fossiles". Plus cocasse, la loi Hulot de 2017 interdit de délivrer de nouveaux permis de recherche d'hydrocarbures et acte la fin des concessions actuelles d'ici 2040.

Le faux argument du "pétrole local"

Evidemment, le gouvernement se défend en précisant que ce premier avis favorable n'est "en aucun cas une décision". Par ailleurs, le cabinet de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a confié à nos confrères du HuffPost que ce projet n'était pas contraire à la loi Hulot, que l'extension des concessions n'était pas interdite, notamment si tout s'arrête en 2040. Dont acte.

Le problème, c'est que dans l'avis de l'enquête publique, les "inquiétudes" des résidents quant aux émissions de gaz à effet de serre ont été écartées. Une "abstraction" bien étonnante, l'enjeu étant paraît-il de se concentrer sur l'impact local du projet. Par ailleurs, il est précisé que les travaux de forage seront "temporaires et de courte durée", et leurs impacts environnementaux limités.

Enfin, dernière pirouette pour faire avaler la couleuvre : ce projet permettrait la production d'un pétrole local, français, au coût environnemental "moins élevé" que le pétrole étranger importé. Là encore, si le constat est véridique, cela conduit une fois de plus à accroître le chiffre d'affaires d'une entreprise polluante, et à laisser de côté le soin apporté au bien-être des générations futures. A-t-on vraiment besoin de polluer davantage ? Laissons la préfecture trancher.

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