Tourisme sacré : où trouver fraîcheur et sérénité en Corse ?
Alors que l’été s’étire, la Corse se découvre de l'intérieur. Loin des plages bondées, on pénètre dans la fraîcheur de ses églises où se nichent bien des merveilles. Halte spirituelle ou parenthèse ombragée, on se laisse porter par la beauté architecturale et la quiétude des lieux.

De Bastia à Bonifacio en passant par Cargèse et Ajaccio, la Corse dévoile son passé millénaire, entre influences pisane, génoise et française, au sein de ses chapelles, églises et cathédrales.
La Canonica à Lucciana : la plus vieille cathédrale de Corse
Proche de l’aéroport de Bastia, la cathédrale Santa Maria Assunta, dite La Canonica, impressionne par sa sobriété élégante. Construite au début du XIIe siècle sur les ruines d’une basilique paléochrétienne, c'est l'un des monuments les plus anciens de Corse. À ses pieds, les vestiges de la cité antique de Mariana, datés du IVe siècle, témoignent de la longue histoire chrétienne de l’île.
D'architecture romane, la cathédrale dispose de dimensions assez surprenantes : 35 mètres de long par 13 mètres de large. Au-dessus de la porte d'entrée, on remarque un arc plein cintre décoré d'entrelacs, surmonté d'une archivolte sculptée d'une frise d'animaux fantastiques et réels, dont un agneau portant une croix.
À Bastia, escalier saint et Christ noir
Nichée dans la campagne, sur les hauteurs de Bastia, la chapelle Notre-Dame de Monserato, fondée au XVIe siècle, renferme un monument historique rarissime : une « scala santa » ou escalier saint qui rappelle la passion du Christ. Cet escalier saint de 28 marches de marbre recouvertes de velours rouge fut offert aux Bastiais en 1816 par le pape Pie VII, en remerciement de l’accueil fait à des religieux exilés lors du Concordat. Chaque 12 mai, jour de la Saint-Pancrace, les fidèles les gravissent à genoux pour obtenir la rémission de leurs péchés.
En contrebas, enchâssé dans la citadelle, l’oratoire Sainte-Croix, fondé au XVI siècle par la confrérie éponyme, se distingue par son décor baroque riche en stucs dorés et ornements rococo. En son sein se cache la chapelle du Christ noir des miracles. Cette statue, découverte en mer en 1428 par deux pêcheurs, est toujours célébrée tous les 3 mai lors d’une procession.
Dans la ville, ne manquez pas la cathédrale Sainte-Marie, imposante avec sa façade baroque et son atmosphère ombragée. Elle abrite une statue processionnelle de la Vierge en argent datée de 1852. Cette œuvre d’art que l’on admire dans une niche à droite en entrant dans le sanctuaire est portée en procession tous les 15 août dans les rues de la ville. Enfin, l’église Saint-Jean-Baptiste, dont les clochers jumeaux donnent son charme au Vieux-Port, est la plus grande église de Corse et l'emblème de Bastia.
Un joyau pisan au cœur du Nebbio
À quelques kilomètres de Saint-Florent, l’église San Michele se dresse, solitaire, sur une butte herbeuse. Bâtie au XIIe siècle dans un pur style roman pisan, elle surprend par ses pierres polychromes — serpentine verte et calcaire blanc — disposées en motifs géométriques. Prosper Mérimée, qui était inspecteur général des monuments historiques, écrivait en 1834 dans ses Notes d'un voyage en Corse : « C'est la plus élégante, la plus jolie église que j'ai vue en Corse ».
Insolite, presque irréelle, elle est l’un des trésors architecturaux les plus emblématiques de l’île. Cette chapelle, qui selon la légende fut construite en une nuit par des anges, est le point de départ de nombreuses randonnées.

A Bonifacio, un petit bijou d'architecture gothique
À l’écart des ruelles de la citadelle de Bonifacio, l’église Saint-Dominique est la seule église de style purement gothique en Corse. Construite en calcaire blanc, elle rayonne de sa sobriété dans le paysage urbain. On chuchote qu’elle a été bâtie il y a 700 ans à l’endroit présumé d’une ancienne église des Templiers dédiée à Saint-Laurent. Avec son clocher ajouré à la surprenante géométrie octogonale, l’église est devenue au fil du temps la délicate sentinelle de l’ancien quartier militaire, tandis que l’intérieur dépouillé tranche avec l’exubérance baroque de l’église Sainte-Marie-Majeure, toute proche.
Référence
Corse sacrée : les plus belles églises où trouver fraîcheur et sérénité, Morgane Rubetti, le 22 août 2025