Cette exoplanète grandit à un rythme de 6 milliards de tonnes par seconde !
Une exoplanète errante se nourrit de gaz et de poussière à un rythme étonnant et a été observée par le Très Grand Télescope (VLT) de l'ESO.

Les objets de l'Univers peuvent croître grâce à un processus appelé accrétion. Ce phénomène se produit lorsque l'objet central attire de la matière environnante et l'accumule, provoquant sa croissance. Les planètes croissent grâce à ce processus : lors de leur formation, elles attirent du gaz, de la poussière et des petits corps, augmentant progressivement de taille. Ce processus peut se poursuivre même après la formation de la planète, si celle-ci se trouve encore dans une région riche en poussière et en gaz.
Les planètes errantes sont des corps qui ne sont liés gravitationnellement à aucune étoile ni à aucun objet. Elles errent dans l'espace interstellaire après avoir été éjectées de leur système d'origine ou formées de manière isolée. Bien qu'apparemment condamnées à l'isolement, ces planètes peuvent finir par traverser des nuages de gaz et de poussière, ce qui leur permet de réaccumuler de la matière et de croître.
Grâce aux données du Très Grand Télescope (VLT) de l'ESO, un groupe d'astronomes a détecté une exoplanète errante qui se nourrit à une vitesse surprenante. Elle consomme environ 6 milliards de tonnes de gaz et de poussière par seconde, soit le taux d'accrétion le plus élevé jamais enregistré pour une planète. Cette découverte établit un nouveau record pour les taux d'accrétion planétaire et nous aide également à comprendre comment les planètes peuvent évoluer même loin d'un système planétaire.
Des planètes errantes
Les planètes errantes sont des exoplanètes qui errent seules dans l'espace et n'orbitent autour d'aucune étoile ni d'aucun objet. Ces objets se déplacent librement, et la seule lumière qui peut les éclairer est celle émise par des étoiles et des galaxies lointaines. De ce fait, l'observation d'une planète errante représente un défi en astronomie, car la lumière qu'elles réfléchissent est extrêmement faible.
Il existe différentes hypothèses quant à l'apparition d'une planète errante. L'une d'elles serait formée au sein de systèmes planétaires et éjectée suite à des interactions avec d'autres étoiles ou planètes géantes. Une autre serait qu'elle naisse isolée, issue de l'effondrement direct de nuages de gaz et de poussière. Ces différentes hypothèses pourraient indiquer qu'il y a plus de planètes errantes dans la galaxie que prévu.
Processus d'accrétion
Le processus d'accrétion est un phénomène astrophysique assez courant, au cours duquel un objet gagne de la masse en attirant et en accumulant de la matière environnante. Cette matière est attirée par la force de gravité et, en se rapprochant du corps central, forme un disque d'accrétion. Ce processus est fréquemment observé dans les objets extrêmes tels que les trous noirs, les étoiles à neutrons et les naines blanches, où un rayonnement intense est observé en raison de l'énergie libérée au cours du processus.
Cependant, l'accrétion ne se produit pas uniquement dans les trous noirs et autres objets extrêmes similaires. Les planètes croissent également par ce même processus, bien qu'à une échelle beaucoup plus réduite. Lors de la formation d'un système planétaire, les amas de matière augmentent leur gravité, attirant davantage de gaz et de poussière, leur permettant ainsi d'évoluer vers des planètes à part entière. Ce mécanisme de croissance par accrétion explique même la formation de la planète Terre.
6 milliards de tonnes par seconde !
Des astronomes ont récemment rapporté avoir observé un objet en pleine croissance. Les observations, menées avec le Très Grand Télescope (VLT) de l'ESO, ont montré que cette planète errante se nourrit de gaz et de poussière environnants à un rythme effarant de 6 milliards de tonnes par seconde. Il s'agit du taux de croissance le plus rapide jamais enregistré pour un type de planète.

L'objet étudié, officiellement nommé Cha 1107-7626, a une masse estimée entre 5 et 10 fois celle de Jupiter. Il est situé à environ 620 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Caméléon. Ce qui est remarquable, c'est que malgré sa taille, cette planète est encore en formation et est alimentée par un disque de gaz et de poussière qui l'entoure. Cependant, le rythme d'alimentation n'est pas constant ; l'année dernière, l'accrétion de la planète était plus rapide que quelques mois auparavant.
Similitudes avec les étoiles
En comparant la lumière émise avant et pendant le sursaut d'accrétion, les astronomes ont pu mieux comprendre cet événement sans précédent. L'activité magnétique semble avoir joué un rôle dans ce processus, un phénomène jusqu'alors observé uniquement chez les étoiles. Cela suggère que même des objets de faible masse peuvent posséder des champs magnétiques capables de déclencher des événements d'accrétion.
De plus, l'équipe a observé des changements dans la chimie du disque entourant la planète pendant cet épisode. Grâce à leurs observations, ils ont découvert de la vapeur d'eau pendant le sursaut, une substance jamais observée auparavant. Cela rapproche encore davantage la formation des planètes et des étoiles, car elles résultent d'un processus similaire. Cette nouvelle découverte montre qu'une planète peut agir de manière similaire à une étoile.
Références de l'actualité :
Almendros-Abad, Découverte d'une explosion d'accrétion dans un objet planétaire flottant librementLes lettres du Journal d'Astrophysique, 2025.