Pollution : l'air du métro parisien est-il vraiment dangereux pour la santé ?

Une cartographie officielle révèle pour la première fois les trois stations de métro les plus polluées à Paris. Mais l'air que vous respirez dans les transports franciliens est-il à ce point dangereux pour votre santé ?

Métro Paris
Dans le métro parisien, trois stations dépassent le seuil maximum de concentration en particules fines PM10 recommandé par l'Anses.

C'est une première qui va forcément intriguer voire inquiéter les usagers quotidiens du métro, du RER et du Transilien en Île-de-France : une cartographie réalisée avec l'appui d'Airparif et à l'initiative d'Île-de-France Mobilités (IDFM) révèle quelles sont les trois stations de transports les plus polluées à Paris. Avec quels risques concrets pour votre santé ?

Un niveau "faible" pour seulement une station sur 4 !

Cette étude a été menée à la suite d'une enquête ouverte par le parquet de Paris pour "mise en danger d'autrui" visant la RATP (la Régie autonome des transports parisiens) soupçonnée notamment par l'association Respire de cacher aux usagers des concentrations en particules fines au-delà des seuils autorisés. RATP et SNCF ont donc dû pendant une semaine complète, 24h sur 24h, prendre des mesures de qualité de l'air dans certaines stations.

L'enjeu était donc de disposer de données fiables : au total, selon nos confrères du Parisien, 44 gares et stations franciliennes sur 388 ont fait l'objet de mesures. Parmi elles, 3 stations affichent une concentration de particules fines PM10 au-delà de 480 µg/m3, soit le seuil maximal recommandé par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pour une heure d'exposition. Toutes sont des stations de métro, dans l'Est de Paris : Belleville, Jaurès et Oberkampf.

Si ces trois stations sont les plus polluées, 31 autres ne sont pas en reste puisqu'elles affichent un "niveau moyen" de concentration en PM10, entre 140 et 480 µg/m3. Autrement, dit, seulement 10 stations sur 44 étudiées disposent d'une concentration "faible" en particules fines. Ces particules fines sont émises au moment du freinage des trains, et s'ajoutent parfois à la pollution venant de l'extérieur.

Un risque pour les voies respiratoires ?

La RATP se défend en expliquant qu'aucun voyageur ni aucun salarié ne reste sans bouger plus d'une heure sur un quai de métro, étant le plus souvent dans une rame ventilée. Justement, en juin prochain, IDFM précisera quelle est la concentration en particules fines dans les rames des lignes, en même temps que sera mise à jour la cartographie de la pollution dans les près de 400 stations du métro et du RER.

Aucune littérature scientifique n'est pour l'instant au clair sur les conséquences pour la santé de la qualité de l'air dans le métro, mais l'Anses suggère que cette pollution pourrait provoquer un risque "d'inflammation des voies respiratoires" chez les populations à risque, comme les asthmatiques. Si l'augmentation du risque de cancer du poumon ou de l'infarctus est rejetée, l'Anses mentionne toutefois des "effets sur la fonction cardiaque autonome".

Les stations les plus polluées vont en tout cas pour certaines procéder au renouvellement de leurs ventilateurs, dans le cadre d'un plan d'action demandé par IDFM pour améliorer la qualité de l'air. A terme, il serait judicieux de déployer sur toutes les lignes des métros de dernière génération, comme ceux présents sur les lignes 4, 11 et 14 et qui disposent d'un freinage électro-magnétique : celui-ci n'émet pas de particules fines ! Où est la volonté politique ?

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