Les Saints de Glace existent-ils vraiment ? Cette croyance populaire est-elle justifiée ?

Alors que les gelées matinales se sont multipliées cette semaine, les Saints de Glace nous menacent encore, selon la croyance populaire. Faut-il pour autant les craindre ? Le risque de gel est-il vraiment important à cette époque particulière de l'année ?

Vous l'avez certainement tous ressenti, le froid est bien présent en France depuis le week-end dernier : une période sous les normales de saison inédite depuis janvier dernier, et des gelées matinales fréquentes qui ont mis en danger les cultures de nos agriculteurs. Un épisode désormais récurrent au printemps depuis quelques années.

Pourtant, si vous écoutez nos anciens, vos parents ou grands-parents, ceux-ci pourraient vous annoncer que le froid n'est peut-être pas tout à fait terminé : le gel peut en effet revenir "tant que les Saints de Glace ne sont pas passés". De quoi s'agit-il ? Faut-il réellement y croire ? Peut-il vraiment encore geler dans les prochaines semaines ?

Les Saints de Glace : 3, 5 ou... 10 ?

Dans la croyance populaire, les Saints de Glace correspondent aux derniers jours du printemps au cours desquels il peut geler, et donc pour lesquels la végétation est en danger. Concrètement, il serait possible de tout planter en pleine terre après ces dates, sans aucun risque de gel. Communément, on évoque 3 Saints de Glace, du 11 au 13 mai : Saint-Mamert, Saint-Pancrace et Saint-Servais.

De 3 à 10, leur nombre varie... Dans l'Est de la France, certains évoquent même Saint-Yves, le 19 mai, et Saint-Urbain, le 25 mai, comme étant les derniers Saints de Glace.

Si l'on s'arrêtait là, il serait possible d'accorder un minimum de crédit à cette croyance. Toutefois, selon les proverbes, les époques, les calendriers ou même les régions, d'autres Saints de Glace existent ! Certains évoquent les Saints Cavaliers, synonymes de gel et de grêle, du 23 avril au 3 mai : Saint-Georges (23 avril), Saint-Marc (25 avril), Saint-Eutrope (30 avril), Sainte-Croix (3 mai).

Et ce n'est pas tout ! La Saint Jean Porte latine, le 6 mai, fermerait "la porte du froid", et dans l'Est de la France, on évoque Saint-Yves, le 19 mai, et Saint-Urbain, le 25 mai, comme les derniers Saints de Glace. De 3 à 10, leur nombre varie... Mais faut-il y accorder de l'importance ? Non, trois fois non !

Du gel en juin ? Rarissime, mais possible !

Premièrement, cette croyance n'a aucune base scientifique ! Météo-France précise que les températures minimales sont très contrastées à ces dates d'une année sur l'autre, notamment du 11 au 13 mai. Pas de gel repéré en 2023, une grande douceur en 2022, plus de 30°C en 2015, un gel fréquent et généralisé en 2010... Historiquement, le gel est finalement assez rare du 11 au 13 mai.

Deuxièmement, il peut geler bien après les Saints de Glace, et même après le "dernier", autrement dit le 25 mai ! C'était par exemple le cas localement du 24 au 27 mai 2013 dans le Grand-Est et le Centre-Val-de-Loire, ou encore le 1er juin 2006 à Romorantin, ou même plus loin, le 2 juin 1962 à Lille ! De faibles gelées certes, mais qui contredisent clairement cette croyance populaire.

Enfin, avec le réchauffement climatique, la végétation prend de l'avance, parfois de plusieurs semaines, nous l'avons encore observé cette année : cela signifie que désormais, même un gel début avril peut s'avérer dramatique, tout dépend de son intensité. Sans vouloir insulter le passé, il va donc falloir sérieusement revoir nos croyances et nos proverbes pour les remettre au goût du jour...

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