Insolite : comment la "peau de l'océan" peut-elle influencer notre climat ?

Nos calculs sont-ils bons au sujet de l'absorption du CO2 de l'atmosphère par ce qu'on appelle les puits de carbone ? Pas tout à fait, à en croire certains chercheurs du CNRS, pour qui la "peau de l'océan" peut augmenter de 5 à 15% cette absorption. Séquence explications.

Couche superficielle peau océan CO2
Cette "peau de l'océan", de moins d'un millimètre d'épaisseur, est plus froide et plus salée, et directement à l'interface avec l'air ambiant.

La France va-t-elle révolutionner les études sur le bilan carbone de la planète ? Pourquoi pas, à la lecture des travaux de certains chercheurs du CNRS, qui ont découvert que la "peau de l'océan" (la couche superficielle) pouvait augmenter de 5 à 15% l'absorption du CO2 de l'atmosphère.

Evaporation et rayonnement infrarouge

A quoi correspond cette "peau de l'océan" ? Il s'agit en fait de la très fine pellicule d'eau, de moins d'un millimètre d'épaisseur, qui recouvre toutes les mers de la planète. Elle est légèrement plus froide (0,2°C de moins) et plus salée, et elle se trouve directement à l'interface avec l'air ambiant.

Ces écarts de température peuvent "modifier les calculs du puits de carbone océanique global" : autrement dit, la quantité de dioxyde de carbone absorbée par l'océan, et piégée à long-terme, est modifiée en fonction de cette différence de température. Celle-ci s'explique, selon les chercheurs, par l'évaporation de l'eau et par l'émission de rayonnement infrarouge en surface.

Une révolution pour la climatologie ?

Les chercheurs du CNRS, plus précisément du Laboratoire de météorologie dynamique et de l'Institut national des sciences de l'Univers, ont donc essayé de savoir dans quelle mesure la température de la peau de l'océan pouvait modifier la quantité de CO2 absorbée par celui-ci.

En utilisant un modèle global, leurs résultats publiés dans la revue JGC Ocean montrent une augmentation de 15% du puits de carbone océanique global simulé. Toutefois, ce chiffre peut être revu à la baisse, à 5%, si le phénomène de rétroaction est pris en compte. La peau océanique a donc un impact très important sur le puits de carbone que représente l'océan.

Qu'est-ce que cela va changer ? Sans doute énormément de choses, notamment dans les futurs exercices scientifiques de comparaison de modèles climatiques mais aussi dans les futurs bilans globaux de carbone. Les climatologues pourront donc s'en servir dans le monde entier pour réévaluer leurs prévisions. Car si la peau de l'océan joue un rôle sur l'absorption du CO2, elle a par conséquent un impact sur notre climat...

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