Incroyable : happé par un typhon sur plusieurs centaines de kilomètres, cet oiseau a survécu !

Mais quelle mouche a donc piqué cet oiseau ? En septembre 2019, un puffin leucomèle (de son nom latin Calonectris leucomelas), a été happé par un puissant typhon au large du Japon. Brinquebalé à l'intérieur pendant près de 11 heures, il a parcouru au total 1146 kilomètres, et en est ressorti vivant ! Comment est-ce possible, et comment s'est-il retrouvé dans cette machine infernale ?

L'équivalent de 27 marathons !

Tout commence en septembre 2019, lorsque le typhon Faxai s'abat sur le Japon, avec de gros dégâts matériels et plusieurs dizaines de blessés. Le chercheur Kozue Shiomi, de l'université japonaise de Tohoku, avait décidé pour une étude un mois auparavant d'attacher des balises GPS sur 14 oiseaux, alors qu'une colonie de nidification de puffins leucomèles résidait sur l'île de Mikurajima.

Les résultats viennent seulement d'être publiés dans la revue Ecology, et ce qu'on y découvre est donc particulièrement étonnant. Après le passage du typhon, le chercheur a constaté que tous les oiseaux l'avaient évité, tous sauf un mâle, qui a donc subi les assauts du typhon, a été secoué par des vents jusqu'à 170 km/h, a été forcé de parcourir 1146 km, l'équivalent de 27 marathons, et en est ressorti vivant !

Ce puffin leucomèle mâle a donc battu tous les records, puisqu'il pèse à l'âge adulte à peine 400 à 600 grammes en moyenne, et vole généralement entre 10 et 60 km/h sans dépasser les 100 mètres d'altitude. Notre héros à ailes a dû réaliser 5 boucles de 50 à 80 km et s'est parfois retrouvé à 4700 mètres d'altitude, un kilomètre plus haut que le mont Fuji.

Des oiseaux pélagiques

Cet oiseau miraculé a ensuite réussi à se poser sur l'eau après le passage du typhon, en restant à la surface pendant 5 heures pour se reposer, reprendre des forces et rejoindre sa zone d'alimentation habituelle. Pourquoi s'est-il donc retrouvé dans le typhon ? L'une des hypothèses est qu'il aurait juste eu du mal à se repérer dans l'espace, un peu étourdi, contrairement à ses congénères.

Ce qui est plus certain, c'est la raison pour laquelle il a passé du temps dans le typhon : le puffin leucomèle est en effet un oiseau pélagique, c'est-à-dire qui vit au large, en mer, volant à basse altitude. Cette espèce est en revanche très maladroite sur terre, sur un sol solide, sans défense face aux prédateurs.

Survoler la terre présente de gros risques pour eux, notamment en raison des infrastructures humaines (lignes électriques, bâtiments...). Comme le puffin a été capable de s'échapper du typhon, on peut donc considérer qu'il a préféré se laisser porter par les rafales de vent du typhon pour éviter la terre ferme et ainsi retourner tranquillement au-dessus de l'eau.

Un parcours incroyable qui pourrait nous en apprendre beaucoup sur les stratégies adoptées par les oiseaux pour éviter ce genre de catastrophes, certains préférant prendre de l'altitude, d'autres se placer dans l'œil, voire rester au sol. Reste à savoir si ces oiseaux survivront à des événements climatiques de plus en plus extrêmes...