Derechos : des orages particulièrement violents qui risquent de se multiplier à l'avenir en France

Les derechos, orages destructeurs pouvant s'étendre sur plus de 1000km, pourraient se montrer de plus en plus fréquents à l'avenir en France et en Europe, une conséquence plus ou moins directe du réchauffement climatique anthropique.

Arcus
Les derechos peuvent parcourir des centaines de kilomètres en seulement quelques heures et s'accompagnent généralement de très puissantes rafales de vent

D'après une étude du CNRS, les derechos, des orages extrêmement violents capables de provoquer de nombreux dégâts sur plusieurs centaines de kilomètres se multiplient ces dernières années en France et en Europe, et ce en raison de l'augmentation de la chaleur humide dans l'air.

Qu'est ce qu'un derecho ?

Le derecho est un terme espagnol qui signifie « tout droit ». Celui-ci est de ce fait employé pour définir des lignes orageuses particulièrement destructrices pouvant parcourir des centaines de kilomètres en seulement quelques heures, s'accompagnant de très violentes rafales de vent, de fortes pluies, de grêle et même parfois de tornades.

Ce type d'orage est relativement peu fréquent en Europe, se retrouvant davantage du côté des États-Unis où on en observe au moins un ou deux chaque année, parfois plus. L'année 2020 fut par exemple particulièrement active dans ce pays avec 8 derechos recensés, le plus violent d'entre eux se produisant sur le Midwest les 10 et 11 août avec des rafales de vent dépassant les 200-220km/h et engendrant plus de 11 milliards de dollars de dégâts.

Ce phénomène est donc moins fréquent sur notre continent mais s'est déjà produit par le passé, comme le 18 août 2022 où un derecho avait balayé les régions allant de la Méditerranée à la Tchéquie en passant par la Corse, l'Italie, l'Autriche et la Slovénie, soit plus de 800km. Cette ligne orageuse avait engendré des rafales allant jusqu'à 225km/h à Marignana (2A), tuant 12 personnes sur son passage, dont 5 en Corse.

Des scientifiques se sont récemment penchés plus en détail sur ce phénomène et on remarqué que les derechos se montraient de plus en plus récurrents ces dernières années sur le continent européen, une fréquence accrue qui serait liée au réchauffement climatique.

Vers davantage de derechos à l'avenir ?

La formation d'un derecho dépend de nombreux paramètres atmosphériques et même topographiques, toutefois, deux sont particulièrement importants : la chaleur et l'humidité. Or, chaleur et humidité sont en constante accentuation ces dernières années sous l'influence du réchauffement climatique, ce qui engendre également une augmentation de la Cape (Convective Available Potential Energy), un paramètre convectif définissant la quantité d'énergie disponible pour le développement et le renforcement des orages.

Plus la Cape, et donc l'humidité et la chaleur sont présents dans l’atmosphère, plus le risque d'orages violents sera accru, ce qui favorisera également le risque de formation de derechos en France et en Europe.

D'après une étude du CNRS publiée dans Weather and Climate Dynamics, ce sont 38 derechos qui ont été recensés entre 2000 et 2022 en France et en Europe, soit une moyenne de 1,7 événements par an. Ceux-ci peuvent se produire sur tout le territoire français mais leur fréquence est bien plus élevée entre le Nord-Est et l'Est de la France, la Suisse, le Benelux et l'Allemagne. D'après cette même étude, la fréquence des derechos augmente peu à peu ces dernières années sur notre continent.

"Nous avons observé une augmentation de l'instabilité atmosphérique ces dernières années, pouvant intensifier ces tempêtes. Cette tendance est attribuée à deux facteurs principaux : d'une part, l'augmentation de la chaleur et de l'humidité dans les couches inférieurs de l'atmosphère, due aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre mais également à la variabilité naturelle ; d'autre part, des changements dans les vents, principalement influencés par la variabilité climatique naturelle"

Les auteurs de l'étude ont toutefois précisé qu'il était difficile, sur la base de leur résultats, de savoir quelle part de cet accroissement de l'instabilité est lié à la variabilité naturelle du climat et quelle part est la conséquence des activités humaines.

En revanche, l'augmentation de certains paramètres convectifs favorisant leur survenue est indéniable, ce qui veut dire que leur fréquence mais également leur intensité pourrait également s'accentuer dans les années à venir, que ce soit en France mais aussi sur une large partie du continent européen.

À la une