Climate TRACE : l'initiative révolutionnaire pour la surveillance des émissions mondiales

Climate TRACE, qui signifie "Tracking Real-Time Atmosphéric Carbon Emissions", vise à combler les lacunes dans la surveillance des émissions globales de gaz à effet de serre (GES), grâce à des technologies avancées telles que l'intelligence artificielle, les données satellitaires.

Al Gore et ses partenaires révolutionnent la surveillance climatique mondiale grâce à Climate TRACE.
Al Gore et ses partenaires révolutionnent la surveillance climatique mondiale grâce à Climate TRACE.

Climate TRACE, acronyme de "Tracking Real-Time Atmospheric Carbon Emissions", est une initiative qui vise à combler les lacunes existantes dans la surveillance des émissions de gaz à effet de serre (GES). C'est une coalition d'organisations à but non lucratif et d'universitaires qui a fait sortir sa première analyse de 72 000 plus grandes sources mondiales de GES il y a 2 ans. Sa dernière évaluation porte sur 352 millions de sources.

Comment ça marche ?

Cette plateforme utilise des technologies de pointes telles que l'intelligence artificielle, les données satellitaires pour cartographier et surveiller les émissions de CO2 à l'échelle mondiale. La force de Climate TRACE réside dans sa capacité à fournir des données en temps réel sur les émissions de GES, provenant de multiples sources telles que les centrales électriques, les usines et les installations industrielles.

Les algorithmes sophistiqués analysent les images satellitaires et d'autres données pour quantifier les émissions avec une précision remarquable, offrant ainsi une vue d'ensemble complète des sources de pollution. Cette initiative d'Al Gore a le potentiel de révolutionner la façon dont nous abordons la crise climatique.

En effet, en fournissant des données précises en temps réel, Climate TRACE peut aider les gouvernements, les entreprises et les organisations à suivre leurs progrès dans la réduction des émissions et à prendre des mesures immédiates en cas de déviations par rapport aux objectifs fixés.

Des émissions sous-estimées ?

La dernière évaluation des émissions effectuée par Climate TRACE, publiée dans le cadre de la COP28 révèle qu'en 2021, les Etats-Unis ont négligé dans leur rapport 400 millions de tonnes de CO2, un surplus en grande partie dus aux émissions de GES liées aux opérations pétrolières et gazières ; la Russie, quant à elle a omis des émissions équivalents à 1,5 milliards de tonnes de CO2. Pour cette même année, parmi les pays riches tenus de rendre compte à l'ONU, Climate TRACE estime que 3 GtCO2 d'émissions sont passées inaperçues, soit environ 5% des émissions mondiales totales.

La Chine, un des plus gros émetteurs n'a pas encore mis à jour l'inventaire de ses émissions. En effet, elle a présenté pour la dernière fois son rapport en 2014, mais climate TRACE estime que les émissions de ce pays a augmenté de 17% depuis lors.

Un rêve devenu réalité

Al Gore voit en Climate TRACE la concrétisation d'un rêve formulé lors d'un discours en 1998 au California Science Center. Dans ce discours, il plaidait pour une "Terre numérique" qui impliquerait l'automatisation de l'interprétation des images, la fusion des données provenant de diverses sources par des agents intelligents capables de trouver et de lier les informations. Jusqu'en 2020, cette vision semblait hors de portée, mais la rencontre avec McCormick a changé la donne.

Economiste de formation, McCormick, a fondé WattTime, une organisation à but non lucratif, dédiée à l'identification des moments de surplus d'énergie renouvelable et l'optimisation de l'utilisation de cette énergie. L'idée était de repérer les centrales électriques polluantes grâce à des données satellitaires, telles que des images de vapeur, des rejets d'eau et des détections de polluants atmosphériques. Ces estimations, maintenant intégrées dans Climate TRACE, couvrent environ 30 000 installations dans le monde, représentant 90% de la capacité mondiale.

Climate TRACE utilise également des modèles pour évaluer les émissions provenant d'autres sources, créant ainsi une estimation globale de toutes les émissions liées aux activités humaines. Le modèle "Oil Climate Index Plus Gas" de Deborah Gordon et son équipe a aussi été ajouté à Climate TRACE, un modèle qui utilise des statistiques détaillées pour évaluer les émissions liées à l'extraction et au transport de pétrole, y compris les fuites de méthanes.

Identifier les sources d'émissions à l'aide de l'Intelligence Artificielle

Pour les secteurs comme l'agriculture, Climate TRACE fait appel à l'intelligence artificielle (IA) pour identifier les sources d'émissions telles que le bétail, les rizières, l'utilisation des engrais...En utilisant des images satellites, l'IA peut rapidement cartographier l'étendue mondiale de ces sources d'émissions.

Dans le secteur de transports, une IA développée à l'Université Johns Hopkins analyse l'infrastructure visible sur les images satellites afin d'estimer les émissions liées au trafic routier.

Les défis et les perspectives

Financé initialement par des dons personnels d'Al Gore et de ses partenaires, Climate TRACE fonctionne sans accepter de parrainage d'entreprises ou de gouvernement. Le budget actuel est de 12 millions de dollars, et l'initiative soumet ses méthodes à un examen par les pairs.

Al Gore espère intégrer Climate TRACE dans le processus de l'ONU, notamment dans l'inventaire des émissions de GES. En attendant, l'organisation aide les pays en développement à suivre leurs émissions, comblant les lacunes de données, notamment dans le secteur industriel.

Bien que les méthodes de Climate TRACE puissent être remises en question par l'émergence d'une nouvelle génération de satellites, ces deux approches sont perçues comme complémentaires. À mesure que Climate TRACE accroît la richesse et l'assurance de ses résultats, il est susceptible d'attirer davantage l'attention et de susciter des oppositions. Cependant, il est essentiel de souligner que la transparence des données demeure un principe fondamental au cœur de cette initiative.

Bref, l'initiative offre une lueur d'espoir dans la lutte contre le changement climatique et peut servir de catalyseur pour encourager une action collective.

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