Réchauffement climatique : le Tour de France peut-il toujours se tenir en juillet ?

Entre vagues de chaleur à plus de 50 degrés et corps mis à rude épreuve, le Tour de France va devoir se réorganiser à l’horizon 2050. De là à changer de saison, ou à courir en soirée ? Séquence explications.

Tour de France
Lors d'un épisode de chaleur intense, dont les conséquences sont accentuées par le bitume, un coureur déshydraté peut parfois voir sa performance chuter de 10% !

Pourrait-on, à l’horizon 2050, voir les coureurs cyclistes de la Grande Boucle concourir après les dernières minutes du coucher du soleil, vers 22h, sur les terrils du Nord à la fin juillet ? Pas improbable, selon nos confrères de France Info, compte tenu de l’évolution à venir du climat en France l’été. Certains évoquent même l’idée d’un Tour de France non couru en été

Le corps humain en danger !

Si l’on se base sur les prévisions du GIEC, la température devrait augmenter de 2 degrés environ en France d’ici 2040, et atteindre les 50 degrés à l’ombre deviendra probable l’été vers les Pyrénées, les Alpes et l’Occitanie, des régions très empruntées par les coureurs de la Grande Boucle chaque année. Alors que les vagues de chaleur s’accumulent depuis 2010 l’été, le Tour de France risque forcément d’être touché un jour par une canicule majeure. Déjà en 2019, un événement extrême, en l’occurrence une coulée de boue, avait entraîné l’interruption d’une étape dans les Alpes.

Avec de telles températures, on atteint « les limites de la physiologie humaine », selon le chercheur Jean-François Toussaint, spécialiste de l’épidémiologie du sport et ayant participé au rapport du GIEC. Lorsque le corps humain réalise un tel effort long, sous une température 4 fois plus importante que celle recommandée (10 ou 12°), alors il est incapable de se refroidir. Ce sont notamment les étapes de montagne qui posent question, puisqu’en plein soleil, elles combinent tous les facteurs de risque : un déficit d’oxygène, l’incapacité de se rafraîchir à l’air à cause de la faible vitesse dans les montées, et la température brûlante du bitume.

Les spécialistes expliquent que dans une température extérieure agréable, la température corporelle augmente déjà vers 38 degrés lors d'un effort physique prolongé. Autant dire qu'avec 50 degrés à l'ombre, l'hyperthermie guette... Toutefois, c'est le patrimoine génétique de chaque coureur qui déterminera sa résistance à la chaleur. Certains médecins s'accordent malgré tout sur le fait qu'un coureur d'un poids de 70 kg qui se déshydrate de 70 centilitres d'eau verra en moyenne sa performance chuter de 10%. Pas anodin, donc.

S'adapter dans l'organisation

Les vêtements réfrigérants sont peut-être une bonne solution temporaire, avant d'envisager de reporter ou de changer l'organisation de la course. Des textiles intelligents utilisés en fonderie, ou des vêtements se liquéfiant lors des fortes chaleurs pourraient être modernisés pour voir leur propriétés renforcées, notamment grâce au graphène, solide thermorégulateur.

Toutefois, les conditions de course pouvant devenir aussi difficiles pour les spectateurs que pour les coureurs, un changement total d'organisation de course semble à terme la meilleure des solutions : au moins moduler le parcours en le morcelant, ou alors le concentrer dans la moitié Nord du pays, ou alors le déplacer au printemps, comme fin avril-début mai. Certains coureurs semblent pourtant réticents pour le moment, reste à savoir aussi si les villes se porteront candidates pour accueillir les étapes en-dehors des périodes de vacances...

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