Et si La Joconde de da Vinci portait les marques subtiles du changement climatique historique ?

La Joconde, chef-d'œuvre intemporel de Leonardo da Vinci, continue de fasciner le monde avec son sourire énigmatique. Derrière cette icône de la Renaissance, se cache-t-il un témoignage des bouleversements climatiques historiques ?

La Joconde. Leonardo da Vinci
La Joconde. Leonardo da Vinci

Leonardo da Vinci, le maître de la Renaissance italienne, a créé des œuvres immortelles qui transcendent le temps. Parmi celles-ci, La Joconde ou le portrait de Mona Lisa, au cœur du Musée du Louvre à Paris, avec son sourire énigmatique, continue de captiver le monde. Une analyse approfondie de l'histoire climatique révèle une intrigue fascinante : et si Mona Lisa elle-même portait les marques subtiles du changement climatique historique ?

Contexte historique

Da Vinci, un génie multidisciplinaire a crée La Joconde, une œuvre emblématique, entre 1503 et 1506, capturant le mystère et la beauté dans un sourire immortalisé sur toile. À cette époque charnière, de 1506-1507, la Hongrie a traversé une sécheresse remarquable, inscrite parmi les périodes climatiques les plus soigneusement enregistrées de son histoire médiévale et moderne précoce.

Cette période de sécheresse a touché non seulement le bassin des Carpates, mais aussi l'ensemble de l'Europe, y compris l'Italie, où da Vinci a peint La Joconde. Cet évènement climatique a laissé des traces tangibles à travers des récits, des chartes, des correspondances officielles et privées, ainsi que des comptes fiscaux.

Informations météorologiques de 1506 à 1507 en Europe. (Couleur marron : 1506 - couleur rouge : 1507)
Informations météorologiques de 1506 à 1507 en Europe. (Couleur marron : 1506 - couleur rouge : 1507)

Les conséquences socio-économiques majeures de cette sécheresse ont laissé des cicatrices profondes, avec des récoltes médiocres, des incendies urbains fréquents, des problèmes de bétail et des réponses institutionnelles, dont des allègements fiscaux et des travaux communs. L'épidémie de peste qui a suivi la sécheresse a été particulièrement dévastatrice.

Des indices dans l'art

Le sourire énigmatique de Mona Lisa, au-delà de son contexte historique, a suscité diverses interprétations au fil des siècles. Des théories abondent, allant de la simplicité et de l'innocence à la séduction, du mystère à l'ambiguïté. Certains estiment que ce sourire doux reflète la tranquillité intérieure, tandis que d'autres voient une connivence ou une complicité romantique. Les historiens de l'art ont même avancé l'idée d'une expression politique subtile ou d'une réflexion sur la position sociale des femmes à l'époque de la Renaissance.

L'analyse des œuvres d'art à travers le prisme climatique historique offre une nouvelle perspective. La sécheresse de 1506-1507 a probablement eu un impact sur l'environnement de da Vinci, affectant la disponibilité des matériaux artistiques et la vie quotidienne en général. Si l'on regarde de près La Joconde, certains détails pourraient révéler des allusions à ces conditions météorologiques difficiles. Le portrait de Mona Lisa pourrait-il cacher des réflexions sur le défis de son époque ?

En effet, la sécheresse a entraîné des "mauvaises pluies" qui ont dévasté les cultures et les vignobles. Les mauvaises récoltes de céréales, de foin, de raisins et la perte massive de bétail ont inévitablement laissé leur empreinte sur la société à l'époque. Ces difficultés pourraient bien être reflétées par le regard impénétrable de Mona Lisa, faisant écho aux souffrances silencieuses de la population.

Les conditions météorologiques difficiles, les récoltes médiocres, le changement vers des conditions plus fraîches et humides, ainsi que des problème de nutrition, ont engendré un terrain propice à l'intensification de l'épidémie de peste entre 1508 et 1511. La Joconde, peinte dans cette période, pourrait également bien avoir capturé l'angoisse et les répercussions de cette épidémie sur la société.

Les réponses de la société : un parallèle avec l'art

Les réponses individuelles et institutionnelles à la sécheresse, telles que les allégements fiscaux et les travaux communs, sont des éléments qui ont pu influencer l'atmosphère des artistes à l'époque. De même, les autorités ont reporté ou réduit certains impôts, offrant des parallèles intrigants avec les choix créatifs et artistiques de da Vinci face aux contraintes de son temps.

La Joconde, souvent considérée comme une œuvre immortelle détachée des contingences historiques, pourrait révéler des nuances insoupçonnées de l'impact du changement climatique sur la créativité artistique. Ces cicatrices pourraient bien être cachées dans le sourire et le regard énigmatique de La Joconde.

L'exploration de la relation entre l'art et le climat offre un éclairage nouveau sur la manière dont les conditions environnementales historiques peuvent influencer l'imagination créatrice des artistes.

La Joconde, empreinte d'une nature énigmatique s'est hissée parmi les œuvres les plus célèbres et débattues de l'histoire de l'art. Les multiples interprétations de sourire témoignent de sa capacité à éveiller des émotions variées et à susciter des réflexions profondes chez les spectateurs, conférant ainsi une dimension intemporelle à son pouvoir évocateur.

Référence : Kiss, A. The great (1506-)1507 drought and its consequences in Hungary in a (Central) European context. Reg Environ Change 20, 50 (2020). https://doi.org/10.1007/s10113-020-01634-5

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